Marsyas est un dieu (ou démon ou génie ou satyre, au choix…) de Phrygie.
Pas n’importe lequel : c’est un dieu de la musique !
Un jour Athéna (qui est aussi la déesse des artistes) joue de la flûte (une création mondiale car elle vient d’inventer l’aulos) à un banquet de collègues (d’autres dieux) mais, à son grand dam, elle remarque que certains rient sous cape !
Persécution, délire, paranoïa ou simplement… l’effet du trac ?
Elle se retire, contrariée et, alors qu’elle se remet à jouer au bord d’une rivière, elle se rend compte qu’effectivement, ses joues gonflées et son visage congestionné peuvent prêter à rire.
Elle, ça ne la fait pas rire du tout, et elle jette sa flûte en lançant une malédiction sur quiconque la ramasserait (ne l’imitez pas…).
Marsyas (qui n’a rien demandé à personne), trébuchant sur la flûte, la ramasse et tout naturellement se met à en jouer.
La flûte, ayant retenu le jeu d’Athéna, émet des sons si merveilleux que Marsyas enchante les paysans qui s’écrient à qui veut l’entendre qu’Apollon lui-même ne pourrait pas mieux jouer de sa lyre !
Allez provoquer Apollon qui est quand même dieu de la musique ! (eh oui, lui aussi), dieu de l’harmonie !
Celui-ci, bien sûr, se met en colère (eh oui, il ne l’invite pas pour un duo flûte et harpe !) et provoque Marsyas en duel... musical ; le vainqueur pourra se venger à son gré sur l’infortuné vaincu (heureusement que Beethoven ne suivait pas cet exemple lors de ses duels au piano !).
Le jury est composé des neuf Muses qui, bien qu’elles jouent aussi de la lyre, n’en restent pas moins impartiales : elles sont également charmées par les deux prestations !
Apollon pousse alors plus loin son défi : il retourne sa lyre et, après avoir chanté en s’accompagnant de son instrument, lance à Marsyas :
« Vas-y ! fais de même ! »
« Plaît-il ?! »
« Tu mets ta flûte à l’envers et tu en joues tout en chantant ! »
(eh oui, en voyant sa vengeance approcher, il relâche ses manières et tutoie Marsyas !)
Je vous passe les détails sur le manque de fair-play d’Apollon mais rappelons qu’à part Euterpe tous les membres du jury jouent de la lyre…
Bien sûr Marsyas ne peut y parvenir sur sa flûte …bien qu’en musique contemporaine, finalement… mais nous n’y sommes pas encore !
Alors, Apollon peut se venger :
il attache Marsyas à un arbre,
l’écorche vif,
et cloue sa peau à un arbre.
...il le traite comme un animal !!
Le mythe de Marsyas célèbre le passage de
l’enveloppe sonore - la musique - à l’enveloppe physique - la peau.
La musique mise sur un support…
La peau de Marsyas
prise par Apollon !
Marsyas n’illustre-t-il pas la première…
prise de son ?